Comptabilité EIRL BNC profession libérale

Le bénéfice fiscal de l’entrepreneur individuel qui exerce une profession libérale est déterminé suivant les règles comptables applicables aux bénéfices non commerciaux (BNC) puis ajouté aux revenus de l’entrepreneur en BNC dans sa déclaration annuelle de revenus n°2042 pour être imposé à l’impôt sur le revenu (IR).

En ce qui concerne les professions libérales qui optent pour l’EIRL, les règles comptables sont totalement modifiées.

Détermination résultat BNC

Les professions libérales relèvent du régime de la déclaration contrôlée qui leur permet de tenir une comptabilité simplifiée :
 tenue d’un unique livre-journal qui présente au jour le jour le détail de leurs recettes et de leurs dépenses professionnelles,
 comptabilité basée sur les encaissements et décaissements (les mouvements de trésorerie),
 simple suivi des immobilisations et des amortissements.

Les professionnels relevant des BNC, souvent allergiques à la comptabilité pourtant, tiennent souvent eux-mêmes leur comptabilité, notamment lorsque leur nombre d’opérations annuelles est peu important. Jusqu’à une vingtaine d’opérations par mois (factures de ventes + factures d’achats), tenir soi-même sa comptabilité et déclarer sa TVA reste tout à fait envisageable, surtout lorsqu’une association de gestion agréée (AGA) contrôle la déclaration annuelle de résultat de l’entreprise.

Obligations déclaratives BNC soumises à l’IR

Les professions libérales relèvent des BNC et doivent donc établir une déclaration annuelle n°2035. Cette déclaration n°2035 comprend deux pages détaillant les charges et produits de l’exercice d’une part et la formation du résultat annuel d’autre part, ainsi que des annexes (tableau des amortissements notamment). La déclaration n°2035 est à remettre à son AGA le plus rapidement possible pour faciliter son contrôle puis à déposer avant le 30 avril au centre des impôts du lieu d’activité.

Le résultat fiscal déterminé sur cette déclaration n°2035 est imposé à l’impôt sur le revenu. Pour cela, ce résultat est à reporter sur la déclaration annuelle de revenus n°2042 en Bénéfices Non Commerciaux (BNC).

Obligations comptables professions libérales en EIRL

Tout d’abord, les auto-entrepreneurs qui exercent une profession libérale et optent pour l’AERL sont soumis aux obligations comptables des auto-entrepreneurs. Ces obligations comptables simplifiées autorisent l’AERL à déposer au RSERIL, à défaut de comptes annuels, un document comptable simplifié en fin d’année.

Ensuite, les professions libérales, comme les autres entrepreneurs individuels à responsabilité limitée, peuvent opter pour une imposition à l’IS (impôt sur les sociétés) afin que leurs prélèvements obligatoires ne soient plus calculés sur la base du résultat de l’EIRL mais en tenant compte de leur rémunération réelle. Dans ce cas, les règles comptables qui s’imposent sont celles communes à toutes les sociétés commerciales imposables à l’IS (comptabilité commerciale tenue selon les règles comptables qui s’appliquent aux BIC).

Maintenant, le problème se pose pour les professions libérales qui optent pour l’EIRL sans opter pour l’impôt sur les sociétés (EIRL soumise par défaut à l’impôt sur le revenu). En effet, la loi sur l’EIRL du 15 juin 2010 indique dans son article premier que : "L’activité professionnelle à laquelle le patrimoine est affecté fait l’objet d’une comptabilité autonome, établie dans les conditions définies aux articles L. 123-12 à L. 123-23 et L. 123-25 à L. 123-27". Or ces articles du Code du Commerce définissent les règles comptables des EI commerçants (règles comptables des BIC). Logiquement donc, les professions libérales qui optent pour l’EIRL doivent alors tenir une comptabilité commerciale.

Or, si la comptabilité de trésorerie des BNC permet de ne comptabiliser que les encaissements et décaissements, une comptabilité commerciale est une comptabilité sur les engagements. Ce ne sont pas les flux financiers qui sont à comptabiliser mais chaque opération comptable. Par exemple, le règlement client ou fournisseur comptabilisé selon les règles des BNC se décompose en BIC en deux opérations :
 la réception ou l’émission de la facture,
 le règlement de cette facture.
Passer d’une comptabilité sur les encaissements à une comptabilité sur les débits, c’est donc multiplier par deux le nombre d’écritures à saisir.
De plus, cette saisie complique notablement le traitement de la TVA pour les entreprises qui relèvent du régime de la TVA sur les encaissements. En effet, la TVA n’est alors considérée collectée que lors d’un règlement client (et non lors de l’émission de la facture correspondante). Aussi, de la TVA à régulariser doit être comptabilisée lors de l’émission d’une facture de vente, puis annulée lors de l’encaissement correspondant afin de constater à ce moment-là seulement la TVA collectée.
En fin d’année, des écritures d’inventaire s’imposent pour mettre à jour les comptes de bilan de l’entreprise (les comptes clients et fournisseurs notamment). Ces comptes de bilan doivent être justifiés, c’est à dire que le solde de ces comptes (clients et fournisseurs encore une fois) doit être expliqué par la liste des opérations en suspens qui le compose (le total des factures clients non encore réglées à la clôture devant correspondre au solde du compte clients, le total des factures fournisseurs non encore payées correspondant au solde fournisseurs).

Régime du réel normal

Attention, la grande majorité des professions libérales ont un chiffre d’affaires qui leur permet d’opter pour l’EIRL et de relever du régime du réel simplifié, régime qui permet de grandement simplifier les obligations comptables des entreprises qui tiennent une comptabilité commerciale.

Obligations déclaratives professions libérales en EIRL

Une EIRL, qui tient obligatoirement une comptabilité commerciale, ne doit pas pour autant établir forcément la déclaration de résultat n°2033 qui ne s’impose toujours qu’aux commerçants. Les professions libérales en EIRL complètent toujours leur déclaration n°2035 selon les règles des BNC. Il y a là soit une contradiction soit une subtilité dans la loi. En effet, les BNC ont déjà la possibilité de tenir une comptabilité d’engagement et de compléter leur déclaration n°2035 à partir de cette comptabilité d’engagement. Aussi, établir une déclaration n°2035 selon les règles des BNC signifierait peut-être, pour une EIRL, établir une déclaration n°2035 selon les règles des BIC (qui s’imposent), comme il est déjà permis de le faire aujourd’hui.

La lourdeur de la comptabilité commerciale pour une profession libérale est un inconvénient majeur de l’EIRL car ces complications comptables supplémentaires exigent un investissement dans un domaine de compétence, la comptabilité, qui ne constitue généralement pas la tasse de thé des professions libérales (même si, au final, le régime du réel simplifié présente peu de différences avec la tenue d’une comptabilité de trésorerie). Aussi, pour ces entrepreneurs individuels, opter pour l’EIRL risque d’être interprété comme avoir recours à un expert-comptable. Le coût annuel d’un expert-comptable pour la tenue de la comptabilité d’une profession libérale en EIRL et l’établissement de sa déclaration fiscale devient alors le coût principal de la création d’une EIRL. Ce coût peut être estimé à environ 1.000 euros par an. Aussi, quitte à rémunérer un expert-comptable, autant opter pour une imposition à l’IS (impôt sur les sociétés). Et dans ce cas, pourquoi ne pas créer une EURL afin de ne pas être limité dans le versement de dividendes par la clause anti-optimisation fiscale de l’EIRL ?

Les EIRL qui exercent une profession libérale doivent tenir une comptabilité commerciale. Par conséquent, les obligations comptables des professions libérales qui optent pour l’EIRL sont considérablement alourdies et peuvent même justifier le recours à un expert-comptable.

Messages

  • Activité libérale exercée en EIRL et tenue de comptabilité

    L’activité professionnelle à laquelle le patrimoine est affecté dans une EIRL fait l’objet d’une comptabilité autonome établie selon les règles de la comptabilité commerciale (c. com. art. L. 526-13), à l’exception toutefois des EIRL soumises à un régime forfaitaire (c. com. art. R. 526-10-1).
    Pour l’entrepreneur exerçant une activité libérale (BNC), dans le cadre d’une EIRL, il en résulte l’obligation de tenir une comptabilité d’engagement, alors que du point de vue fiscal, son résultat reste toujours déterminé selon les règles d’une comptabilité de caisse (encaissements/décaissements). Dans une réponse ministérielle récente, il a été confirmé que les dispositions fiscales ne seraient pas modifiées sur ce point, dans la mesure où, pour éviter cette divergence entre les règles fiscales et comptables de détermination du résultat, les contribuables concernés soumis à la déclaration contrôlée peuvent toujours opter pour le régime prévu à l’article 93 A du code général des impôts (prise en compte des créances acquises et des dépenses engagées).

    Rép. Roubaud n° 79162, JO 17 mai 2011, AN quest. p. 5106

    • Je suis actuellement aux Etats-Unis et suis en train d’essayer de créer mon entreprise en France pour cet été. Pour faire simple, mon entreprise consiste à faire venir des joueurs de tennis américains en France pendant l’été afin qu’ils jouent des tournois et s’entrainent sur la terre-battu. En tant que professeur de tennis, je peux rentrer dans la catégorie des profession libéral à la CIPAV.
      Je suis vraiment confus par les différent régimes fiscaux. Que pensez-vous serait la meilleur option fiscale ? Sachant que la quasi-totalité des bénéfices seront versé en tant que rémunération au gérant (moi-même) et que mes dépenses s’élèvent à 70%/80% du chiffre d’affaire (donc l’impôt sur les revenus ne semble pas être une bonne idée).
      D’après les recherches que j’ai fait, il me semble que mes options sont :
      o EIRL déclaré à la CCE avec impôt sur les société
      o Profession libéral en EIRL déclaré à l’URSAF avec déclaration contrôlée (je ne suis pas sûr de la différence avec le régime précédent... et il ne semble pas que je puisse opter pour l’IS, le site ne me laisse pas cette option quand je rempli mon activité professionelle) Puis-je déduire ma rémunération des bénéfices imposable sous cette option ?
      o EURL avec IS

      Merci d’avance pour vos conseils.

    • Il faut effectivement distinguer :
       entreprise individuelle et société soumise à l’impôt sur le revenu (certaines EURL, SARL...) : les charges sont déductibles mais les impôts et cotisations sociales de l’entrepreneur sont calculés sur le résultat comptable,
       société soumise à l’impôt sur les sociétés (là encore EURL, SARL, SASU...) mais aussi l’EIRL qui opte pour l’IS : les rémunérations sont déductibles du résultat de la société imposée à l’IS. Les cotisations sont calculées sur la base de la rémunération réellement versée à l’exploitant.

  • Bonjour

    J’ai pu voir sur votre site qu’il est possible pour un agent commercial inscrit au RSAC (Registre spécial des A.CO), dans l’immobilier, de se monter en statut d’EIRL. Je voudrais savoir quels sont les atouts de cette formule, sachant que contrairement à la SARL il n’y a pas d’avantage notable (je crois) sur les dividendes. Quelles sont aussi les contraintes et les dépenses à prévoir SVP ?

    Merci pour votre aide et félicitations pour votre site.

    • L’avantage d’une EIRL apparaît surtout comparativement à une EI (entreprise individuelle), la protection du patrimoine de l’entrepreneur étant le principal avantage, la possibilité d’opter pour l’IS le second avantage.

      Maintenant, comparativement à une société, l’EIRL est une copie forcée de l’EURL et, effectivement, créer une EIRL plutôt qu’une EURL (ou SARL) lors du lancement d’une entreprise ne présente pas vraiment d’avantages.

  • Les activités BNC ont un bénéfice toujours déterminé sur les encaissements et décaissements ?

    • Les activités BNC ont effectivement toujours un bénéfice déterminé sur les encaissements et décaissements. En revanche, les activités BNC qui optent pour l’EIRL doivent également tenir une comptabilité en réel simplifié pour déposer leurs comptes annuels au RSEIRL.

  • Bonsoir,
    Dans cet article vous indiquez le N° de l’imprimé pour déclarer le résultat comptable à l’administration (N° 2035) et plus bas vous parlez des sociétés qui optent pour l’IS mais sans nous indiquer le N° de l’imprimé à utiliser dans ce cas. Quel est SVP la référence de cet imprimé fiscal ?
    Merci d’avance pour votre réponse.

    Voir en ligne : http://www.l-eirl.fr/Comptabilite-E...

  • Bonjour,
    lors de la création de l’EIRL pour une profession libérale, j’ai vu qu’il était possible d’opter pour la comptabilité d’engagement.
    Je souhaiterai toutefois avoir une précision pour la détermination de mon résultat.
    Si j’effectue les formations courant mars pour la transformation de mon EI en EIRL avec la comptabilité d’engagement, que dois je faire pour pouvoir également déclarer mon résultat selon la comptabilité d’engagement et non plus selon les recettes/dépenses ? J’ai en effet vu qu’il y avait une divergence entre la comptabilité et le résultat qui reste à établir avec la trésorerie.
    Y a t’il un autre formulaire à établir ? Y a t’il des délais à respecter pour pouvoir appliquer cette nouvelle option ? Le formulaire PEIRL est-il suffisant ? Cela sera valable pour mon exercice 2016 ? Je vous remercie par avance pour vos réponses

  • Bonjour, j’ai déjà une EIRL pour une activité de laverie automatique, BIC pour laquelle je dois avoir un comptable pour me sortir mon compte de résultat, bilan etc . Je souhaite me lancer en tant que conseiller immobilier. Je vais donc devoir faire une adjonction d’activité à mon EIRL. Dans ce cas, vais je devoir faire une comptabilité avec obligation de sortir un compte de résultat, bilan etc ?

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